Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) se caractérise par une obstruction complète - apnée - ou partielle - hypopnée - des voies aériennes supérieures pendant le sommeil. On estime sa prévalence à 4% des hommes et 2% des femmes d’âge moyen, soit plus de 120'000 personnes en Suisse, mais ce chiffre pourrait être sous-estimé.

Dre Nathalie Portier-Marret, spécialiste FMH en chirurgie orale et maxillo-faciale à la Clinique de Montchoisi, nous en parle dans une interview.

  1. Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

L’apnée du sommeil est une pathologie fréquente dans la population ; environ 120'000 personnes en Suisse en souffrent. Elle se manifeste par des pauses de la respiration durant le sommeil, qui peuvent survenir plusieurs dizaines de fois - et jusqu’à plus de 50 à 100 fois - par heure. Ces pauses durent parfois presque 1 minute chacune. Ceci conduit à une mauvaise qualité du sommeil avec de multiples réveils, et une extrême fatigue durant la journée, des maux de tête ou des difficultés de concentration.

  1. Quelles sont les causes de l’apnée du sommeil?

On distingue les apnées dites centrales, qui proviennent d’un dérèglement de la respiration commandée par le cerveau, et les apnées obstructives, dues à un facteur anatomique diminuant le passage de l’air dans les voies aériennes en position couchée.

Ces facteurs anatomiques se retrouvent à différents niveaux le long des voies aériennes. Il peut s’agir des fosses nasales, qui présentent une déviation de la paroi ou des cornets trop gros, ou parfois d’une « langue trop grosse ». Bien souvent, la cause est une position trop reculée de la mâchoire inférieure. On retrouve souvent chez les patients souffrant d’apnée obstructive, un palais étroit, une malocclusion dentaire ou un recul de la mâchoire inférieure (rétrognathie).

Enfin, le surpoids joue également un rôle. En effet, il entraîne une infiltration graisseuse des tissus du cou et des organes de la respiration, diminuant ainsi le passage d’air, particulièrement en position couchée.

  1. Est-ce dangereux ? Quels sont les risques ?

Oui, l’apnée du sommeil est une pathologie à prendre très au sérieux car elle augmente considérablement les risques de développer des maladies telles que les accidents cardio-vasculaires et cérébraux, l’infarctus, l’hypertension artérielle, le diabète de type II et les dépressions. De plus, une personne souffrant d’apnée du sommeil présente 5 fois plus de risques de provoquer un accident de la voie publique qu’une personne dont le sommeil est normal.

  1. Quelles sont les solutions pour traiter les apnées du sommeil ?

Les solutions dépendent de la sévérité de la maladie, qui se mesure à l’aide d’une polygraphie ou d’une polysomnographie nocturne, déterminant le nombre d’apnée/hypopnée par heure (IAH).

Actuellement, pour les cas légers à modérés, il existe des solutions simples comme le gilet positionnel ou l’orthèse d’avancement mandibulaire, qui permettent de maintenir la mâchoire inférieure en position avancée et d’augmenter le passage de l’air dans les voies aériennes supérieures, à l’aide de gouttières en résine positionnées sur les dents. Ce dispositif doit être confectionné sur mesure chez le dentiste ou le chirurgien maxillo-facial. Il faut impérativement éviter les gouttières bon marché achetées sur internet ou en pharmacie, car elles peuvent conduire à de graves dégâts dentaires ou articulaires.

Chez le patient âgé ou présentant un syndrome d’apnée du sommeil sévère, le traitement de choix reste à l’heure actuelle l’appareil à pression positive, ou C-PAP, qui insuffle de l’air sous pression dans les bronches lors d’obstruction de la respiration durant le sommeil. Ce dispositif a fait ses preuves au niveau médical mais reste peu apprécié par les patients en raison de son inconfort.

L’approche alternative est la chirurgie d’avancement bimaxillaire, qui consiste à avancer les deux maxillaires, et permet bien souvent de corriger en même temps la malocclusion dentaire de départ ou la rétrognathie. Cette chirurgie est réalisée parfois en collaboration avec un orthodontiste, afin d’aligner les arcades dentaires avant la chirurgie et permettre de corriger parfaitement la malocclusion.

  1. Quand la chirurgie est-elle nécessaire ?

La chirurgie de l’apnée du sommeil reste actuellement un « dernier » choix, car il n’existe aucune d’étude démontrant l’efficacité de la chirurgie bimaxillaire en comparaison aux autres méthodes. Cependant, toutes les études prouvent l’efficacité d’une telle chirurgie sur le syndrome d’apnée du sommeil, qui permet d’éviter le port du masque à pression positive durant plusieurs dizaines d’années. La chirurgie est recommandée chez des patients jeunes, avec un IAH modéré (entre 20 et 40/h).

 

  Dre Nathalie Portier-Marret
  Spécialiste FMH en chirurgie orale et
  maxillo-faciale

  CV