Charlotte Brun est Maître de sport en Activité Physique Adaptée (APA) à la Clinique Valmont. Elle nous en dit plus sur cette discipline peu connue, et pourtant primordiale dans le processus de réadaptation orthopédique et neurologique.

  1. Qu’est-ce que l’Activité Physique Adaptée (APA) ?

Il s’agit d’activités physiques et sportives dont la pratique est modifiée pour répondre au mieux aux capacités physiques, aux attentes, aux besoins et à l’état psychologique de chaque personne. L’objectif est de réentraîner les patients en leur redonnant le goût du mouvement grâce à des activités sportives adaptées et individualisées afin de les rendre praticables, bénéfiques et agréables. Il peut aussi bien s’agir d’exercices analytiques que d’activités sportives pour améliorer la mobilité, la force, l’endurance, l’équilibre et la coordination.

  1. A la Clinique Valmont, que proposez-vous à une personne opérée d’une prothèse de genou ?

Suite à la pose d’une prothèse, le patient présente généralement un manque de mobilité au niveau de l’articulation, une perte de force musculaire du membre opéré et aura souvent peur d’y mettre du poids. Nous proposons donc des activités comme le vélo pour améliorer l’amplitude de l’articulation, des exercices de renforcement musculaire pur et des activités sportives adaptées. Dans le cas d’une prothèse de genou, nous ne demandons pas aux patients de participer à un match de volley-ball mais plutôt de réaliser une série de manchettes, ce fameux mouvement pour réceptionner une balle. Ce geste demande de réaliser une flexion, suivie d’une extension de genou, afin de relever la balle vers le haut. En enchaînant ce mouvement, les patients travaillent indirectement l’amplitude articulaire du genou et la force des muscles des jambes. Pour inciter le patient à mettre du poids sur sa jambe opérée, nous proposons souvent le bowling. Il ne s’agit pas de prendre de l’élan avant le lancer, ni même de jouer avec une grosse et lourde boule de bowling, mais bien d’adapter la pratique pour faciliter le mouvement. L’élan sera très court, voire même limité à un seul pas vers l’avant, et la boule de bowling remplacée par une simple balle qui renverse de légères quilles.

  1. Qu’en est-il pour les prothèses de hanche ?

Dans ce cas, le football est une pratique que nous proposons souvent. L’objectif n’est pas de courir après un ballon, de dribbler ou même de tirer au but mais tout simplement de réaliser quelques petites passes à l’arrêt. En effet, la réception et le blocage d’une balle roulant au sol exige une flexion de hanche et un travail du muscle fléchisseur de la hanche, appelé le psoas. Afin d’inciter le patient à mettre du poids du côté de son membre opéré, le jeu de fléchettes est une activité idéale car pour atteindre la cible, le patient doit se propulser vers l’avant puis stopper son élan en chargeant sa jambe avant.

  1. La clinique est également spécialisée dans le domaine de la réadaptation neurologique. En tant que maître de sport en APA, intervenez-vous aussi dans ce domaine ?

Oui, bien sûr. Chez les patients atteints de pathologies neurodégénératives - comme la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques - ou les victimes d’AVC, il est nécessaire de travailler la mobilité globale, l’endurance cardio-respiratoire et la force de l’ensemble du corps. Comme suite à une intervention orthopédique, nous utilisons des appareils comme le vélo, le rameur ou le tapis de marche mais aussi des machines ou des accessoires. Cependant, chez ces patients, la problématique principale reste souvent l’équilibre, que nous devrons aussi exercer par l’activité sportive.

  1. Et justement, comment trouver des activités sportives dans lesquelles la sécurité du patient est assurée malgré des troubles de l’équilibre ?

Pratiquer une activité sportive tout en maintenant son équilibre constitue très souvent une tâche complexe pour ces patients, car il s’agit d’un travail en double tâche. Comme vous l’avez bien dit, la sécurité est primordiale dans ce cas de figure. Notre rôle est donc d’adapter la pratique ou l’environnement de pratique afin de permettre un travail en toute sécurité. Pour cela, nous allons par exemple installer le patient dans un coin de salle, lui assurant déjà deux points de repère fixes sur lesquels il peut se reposer en cas de déséquilibre. Au niveau des activités, nous adaptons souvent le frisbee, en utilisant des coupelles volantes en plastique, et le badminton, dont le volant est remplacé par un ballon de baudruche. Cela permet de réduire la vitesse de jeu et le besoin de réactivité des patients. Le ping-pong constitue également un exercice intéressant pour entraîner l’équilibre et la coordination, car le patient doit analyser rapidement la situation pour réceptionner la balle et la renvoyer de l’autre côté du filet. Cette partie d’analyse et d’interprétation devra se faire rapidement sans oublier la tâche principale de maintien de l’équilibre.

De nombreuses autres disciplines sportives sont aussi proposées à la clinique, comme le tir à l’arc, le basket-ball, le tennis, la boxe, la pétanque, le croquet et des cours collectifs de gymnastique globale. 

  Charlotte Brun
  Maître de sport en Activité
  Physique Adaptée (APA)

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