Pour tenir en équilibre, notre cerveau tient compte de trois paramètres : la proprioception, le système vestibulaire et la vision. Si toutes les informations envoyées à notre cerveau concordent, nous tenons en équilibre sans même nous en rendre compte. Malheureusement, en raison de certaines pathologies, le cerveau reçoit parfois de mauvaises informations. L'équilibre du corps est alors compromis, entraînant des vertiges et des chutes.

Toutefois, la perte d’équilibre n’est pas une fatalité et il est possible de récupérer et maintenir cette faculté grâce à la physiothérapie. Interview de Sandrine Duay, physiothérapeute à la Clinique Valmont.

1. Pourquoi est-il important de travailler l’équilibre ?

Le travail de l’équilibre permet avant tout de maintenir l’indépendance fonctionnelle des patients, qu’ils soient capables de marcher ou non. En effet, un grand nombre des activités de la vie quotidienne utilisent les positions assises et debout et nécessitent le maintien d’un équilibre statique ou dynamique. Par exemple, si nous voulons prendre un objet dans une armoire, avant de lever les bras, notre cerveau augmente automatiquement notre base d’appui, ancre nos pieds au sol et réajuste la position de notre corps pour que nous ayons la stabilité nécessaire et puissions effectuer le mouvement en toute sécurité. 

Le travail de l’équilibre permet également de diminuer le risque de chute. A l’heure actuelle, nous savons que les chutes sont délétères : en plus du traumatisme physique, tels que des fractures, elles créent un traumatisme psychique, avec l’apparition de « craintes de chuter », qui conduit progressivement à la sédentarité. En effet, lorsqu’une personne a peur de chuter, elle se mobilise de moins en moins et se crispe. Elle se trouve emportée dans un cercle vicieux, qui augmente considérablement les risques de chutes par la fonte musculaire et les autres troubles engendrés par la sédentarité.

2. Quelles pathologies peuvent entrainer des troubles de l’équilibre ?

Les troubles de l’équilibre peuvent provenir de diverses problématiques.

  • Ils peuvent être d’ordre orthopédique avec l’apparition d’une usure ou instabilité articulaire ainsi qu’un affaiblissement musculaire progressif.
  • Ils peuvent également provenir d’un trouble neurologique, qui altère la commande motrice, le contrôle du mouvement, la proprioception, la coordination entre les muscles, le schéma corporel, etc.
  • Il peut s’agir de problématiques vestibulaires, régies par l’oreille interne.
  • Parfois, il s’agit simplement du vieillissement naturel. Avec le temps, le sens de l’équilibre et la coordination des membres se dégradent, les signaux nerveux sont transmis plus lentement au cerveau, qui traite également les informations plus lentement. Le temps de réaction est alors plus long pour rétablir l’équilibre, augmentant ainsi le risque de perte d’équilibre et de chute.

3. Que proposez-vous en physiothérapie ?

En physiothérapie, nous agissons sur les différentes problématiques régissant les troubles de l’équilibre. Nous commençons par réaliser un bilan complet afin de mettre en évidence les problématiques principales, et faire ressortir les points à améliorer pour palier - voire compenser -  ces troubles de l’équilibre. Pour ce faire, il existe plusieurs champs d’action, en fonction de la problématique des patients :

  • Renforcer la musculature
  • Améliorer la stabilité des articulations
  • Redonner un maximum de réactivité aux ajustements de la posture et aux réactions de rattrapage
  • Travailler la proprioception, afin de faciliter la transmission des récepteurs corporels
  • Leur redonner confiance en leur équilibre
  • Apprendre aux patients qui ont des risques de chute élevés à tomber le « mieux possible » 

4. Les exercices peuvent-ils aussi être réalisés à la maison ?

Oui, nous conseillons de pratiquer également des exercices à domicile afin d’augmenter les capacités de progression, maintenir les acquis et éviter une péjoration des troubles. Toutefois, il faut veiller à choisir des exercices qui ne causeront aucun risque de chute chez le patient. C’est pourquoi, l’enseignement des exercices devra être supervisé par un professionnel.

Nous recommandons les exercices suivants : exercices de proprioception simples sur un ou deux pieds, yeux ouverts ou fermés ; utiliser un coussin ou une planche d’équilibre ; pratiquer régulièrement des activités telles que le Qi Gong ; marcher tous les jours, etc.

 

  Sandrine Duay
  Physiothérapeute

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