Fléau des temps modernes, l'obésité gagne du terrain dans le monde entier. La journée du 4 mars a chaque année pour but de sensibiliser la population, briser les tabous et répondre à quelques-unes des questions les plus fréquentes autour de cette maladie chronique.

L'obésité reste plus que jamais un sujet d'actualité. La dernière enquête suisse sur la santé (2017) a montré que 11% de la population était obèse. A la même période, les personnes en surpoids représentaient 31% de la population helvétique. Au-delà des chiffres, c'est toute la question de la place accordée à cette maladie dans nos sociétés et la difficulté de sa prise en charge, qui méritent d'être mis en lumière.

Nos vies actuelles sont régies par le contrôle. A l'heure du tout-numérique il est très facile d'accèder à l'information, mais encore faut-il en faire bon usage, l'alimentation étant devenue un sujet tout-public où il est aujourd'hui difficile de trier le vrai du faux. Le sur-contrôle amenant parfois à la perte de contrôle, le travail des diététiciens et diététiciennes a pour but de recentrer les patients sur un chemin plus serein et de les aider à trouver ou retrouver un bon équilibre nutritionnel. Pourquoi est-ce que je mange à ce moment-là? Quels sont mes comportements alimentaires? Il s'agit donc de réassocier les notions de plaisir et d'équilibre nutritionnel, de reprendre le temps de manger en pleine conscience avec tous ses sens.
 

  • Qu'est-ce que l'obésité et quelles sont les conséquences pour la santé?

Selon la définition de l'OMS, l'organisation mondiale de la santé, "le surpoids et l'obésité se définissent comme une accumulation anormale et excessive de graisse corporelle qui représente un risque pour la santé" et entraîne une modification du tissu adipeux. La mesure de l'IMC, l'indice de masse corporelle, est le moyen utilisé pour définir le surpoids et l'obésité, qui sont des facteurs de risque pour de nombreuses maladies: cardiovasculaire par exemple, mais aussi l'hypertension, le diabète et certains cancers. Elle a aussi pour conséquence des maladies respiratoires ou articulaires.

 

L'obésité est une maladie chronique qui nécessite une prise en charge sur le long terme et implique des changements d'habitudes de vie au travers d'une prise en charge interdisciplinaire. Il s'agit donc de la prévenir au maximum, afin d'enrayer l'épidémie qui se propage au niveau mondial.

De plus, la stigmatisation de l'obésité est omniprésente qu'elle soit implicite ou explicite et ce, dans toutes les sphères de la société (monde professionnel, vie privée, médias...). Ce qui entraîne des conséquences psychologiques, comme le surcroît de dépression et d'anxiété et une diminution de l'estime de soi. Elle peut aussi être à l'origine ou péjorer les troubles du comportement alimentaire et amener les personnes à éviter l'activité physique et les soins médicaux.
 

  • Pourquoi est-ce que l'on prend du poids?

Les causes sont multifactorielles et différentes selon les situations et les individus. Mais au départ, la base de la prise de poids est toujours la même: il s'agit d'un déséquilibre entre les apports et la dépense énérgétique. Qu'il s'agisse d'un sportif qui arrête son activité et n'adapte pas son alimentation, ou d'une personne qui trompe l'ennui en mangeant à toute heure. Des études ont aussi montré que des facteurs génétiques et environnementaux peuvent entrer en ligne de compte. De la même manière, certains médicaments, antidépresseurs ou corticoïdes, influencent la prise de poids.

Nous vivons de plus dans une société "obésogène" où l'accès à la nourriture est illimité. La qualité des aliments joue donc également un rôle prépondérant, à l'heure des fastfoods et autres aliments ultra transformés.

 

  • Quand est-ce qu'il faut consulter?

On ne traite souvent l'excès de poids qu'une fois qu'il est présent, alors qu'il faudrait agir en amont, suite à une variation consécutive à une grossesse ou un traitement médical par exemple. Et c'est bien là, la difficulté du suivi.

 

Il s'agit donc en premier lieu de prévenir l'obésité car une fois installée, une partie de la prise de poids devient souvent irréversible. Une variation saisonnière de 2 kg sur la balance est tout à fait normale. Les habitudes de vie évoluent parfois très lentement, sans que l'on s'en rende compte. Prendre une dizaine de kilos en quelques années peut donc ainsi passer complétement inaperçu et c'est à ce moment-là qu'il faudrait avoir le réflexe de demander conseil et de consulter un ou une diététicienne.

Sur Internet on trouve beaucoup d'informations, mais aussi de désinformations. L'alimentation est devenue un sujet tout public, qui entraîne parfois aussi malheureusement des conseils erronés, par exemple des régimes restrictifs contre-productifs à long terme et le tentation de comparer sa situation avec d'autres, alors que le suivi individuel et les conseils des professionnels sont primordiaux quand on parle d'obésité.

 

  • Qu'est-ce que nos équipes mettent en place dans leur suivi?

Lorsqu'un patient arrive en consultation chez nos diététiciens, la prise en charge est assurée d'une manière globale et individuelle, mais surtout interdisciplinaire (par exemple avec l'intégration du mouvement et de la gestion émotionnelle). Contrairement aux idées reçues, la diététique ne concerne pas uniquement la nourriture. Au-delà de l'alimentation, elle est associée à la promotion de l'activité physique, les aspects psychologiques et comportementaux, le rapport au  corps et l'estime de soi, entre autres. La durée de suivi d'un patient s'installe en fonction de ses attentes et de ses besoins.

Il s'agit avant tout de créer une alliance thérapeutique avec le patient qui est partenaire dans les soins. Changer ses habitudes alimentaires et sa relation à la nourriture prend du temps, notamment quand elles sont ancrées depuis longtemps. D'où l'importance d'accompagner avec bienveillance et écoute, tout en mettant en place des stratégies de modification du comportement réaliste et réalisable. Perdre du poids ce n'est pas un sprint mais un marathon. Il faut laisser le temps au changement, ce qui représente un challenge quand on ne se sent pas bien dans sa peau et que l'on a déjà subi plusieurs échecs.

 

  • Quelles sont les pistes et les conseils de nos spécialistes?

Commençons par une image: celle d'une casserole d'eau qui bout sur le feu. Poser un couvercle dessus donnera momentanément en effet de calme sur toute cette vapeur, mais la seule solution sera de baisser le feu sous la casserole. Aucun rapport vous dites-vous? Pas tant que cela, car dans cette situation tout comme dans le suivi de l'obésité, on parle de changements d'habitudes durables. La probématique est traitée dans son ensemble, on ne cherche pas à faire du poids à une personne sans identifier les origines de cette situation.

 

Beaucoup de personne pensent que manger moins et bouger plus sont les solutions évidentes des problèmes de surpoids. Ces simplifications à outrance alimentent les préjugés dans une problématique qui est bien plus complexe et pour laquelle les facteurs sociaux et environnementaux sont tout aussi impactants. Nous vivons dans une société "obésogène" qui stigmatise les personnes qui en souffrent, notamment en les culpabilisant. Il s'agit donc d'arrêter de ne voir que le surpoids pour découvrir l'humain qui se cache derrière. D'écouter leurs attentes, de les soutenir et les accompagner, plutôt que de propager des clichés de manque de volonté et de culpabilité.

Il est aussi primordial de se reconnecter à notre alimentation et de retrouver l'envie et le plaisir de manger sans entrer en conflit avec la gestion de nos émotions. Se reconnecter avec soi-même, manger bien et bon... et découvrir que l'on peut aussi se nourrir autrement que par l'alimentation!