Il existe au sein d’un hôpital une multitude de métiers moins visibles que ceux de médecin ou de personnel soignant. Zoom sur le codage médical, un service un peu caché, aussi essentiel que méconnu.

A qui pensez-vous lorsqu’on vous demande de citer les corps de métier présents dans un hôpital ? Des médecins bien sûr, des infirmiers et infirmières, des aides-soignants. On pense aussi au service hôtelier, de ménage, de cuisine ou au personnel d’accueil. Mais au détour d’un couloir ou d’un bureau se cachent d’autres professions que nous vous proposons de découvrir.

A l’honneur pour ce premier article : le codage médical. Quèsaco? Des codes, comme son nom l’indique? Oui, mais pas seulement. C’est parti, on vous embarque dans un univers très pointu et passionnant, grâce aux explications de Catherine Bellil-Racine, spécialiste en codage médicale à l’hôpital de La Providence à Neuchâtel.

Un métier récent

Le codage médical existe depuis 1998 en Suisse à des fins de statistiques (domaine régit par l’OFS, l’Office fédéral de la Santé) et depuis 2012 pour la facturation des hôpitaux. « C’est tout l’art de transformer les termes médicaux, comme des diagnostics et des procédures médicales indiqués sur le lettre de sortie du médecin, en codes ».

Les codeur(se)s analysent chaque maladie et intervention avant de les rentrer sous forme de code dans un système informatique. Comme nous l’explique notre spécialiste : « tous ces codes sont ensuite calculés par un programme, pour créer un DRG (Diagnosis related groups), une sorte de super-code, qui définira le prix total de l’hospitalisation d’un patient ».

Avant la création de ce SwissDRG, système tarifaire qui définit des forfaits liés aux prestations, on calculait le nombre de jours d’hospitalisations à quoi s’ajoutaient les honoraires de chaque service, etc. Le codage a donc permis d’uniformiser la facturation des hospitalisations et de simplifier les procédures.

Comment s’y retrouver ?

Impossible pour les spécialistes en codage médical de mémoriser tous les codes existants : « il en existe plus de 14'000 pour les maladies et près de 12'000 pour les interventions. Un programme spécifique nous permet de trouver le bon code en obéissant aux directives de l’OFS, via un manuel de codage, un peu notre « Bible du codeur » mise à jour chaque année ».

Une fois le rapport du médecin envoyé, il s’agit donc de transformer chaque acte médical en code, pour connaître la facture finale. Cela permet aussi d’adapter les coûts de la santé et ce en fonction de chaque canton. Catherine Bellil-Racine et ses collègues travaillent également avec les assurances : « elles ont la possibilité de demander la vérification de cas en cas de désaccord ».

1689 cas ont été traités en 2020 pour l’Hôpital de La Providence et 427 pour la Clinique Montbrillant. Ces chiffres pourraient augmenter dans les années à venir, car actuellement seuls les cas hospitalisés sont traités par le codage médical. Les cas ambulatoires pourraient le devenir, mais là c’est encore de la musique d’avenir.

Un métier rigoureux, exigeant et passionnant

Qu’on ne s’y méprenne pas, il ne s’agit pas seulement de simple code à transcrire. Ce métier demande une connaissance très pointue du monde médical et pour Catherine Bellil-Racine comme pour ses collègues : « il est passionnant. C’est la diversité de ce métier qui fait sa force, même si on n’a pas les patients devant soi en chair et en os. On apprend chaque jour de nouvelles terminologies, de nouvelles maladies. On touche à tout et on améliore sans cesse nos connaissances. »

Il y a aussi le contact avec d’autres services et les médecins. Une formation de base dans le domaine médical est donc nécessaire pour embrasser ce métier, ce qui est le cas de Catherine Bellil-Racine : « j’ai commencé ma carrière comme infirmière avant de me reconvertir dans le codage médical. Comme la plupart de mes collègues, j’ai passé le Brevet Fédéral. »

La rigueur est également de mise dans un domaine très contrôlé avec des révisions annuelles. Une centaine de cas sont tirés au sort dans chaque établissement, avant d’être recalculés et contrôlés. En 2019, les résultats étaient encourageant, puisque 94% des cas révisés ont été jugés corrects en Suisse romande.